Dragons Catalans 14 - 36 Bradford Bulls
Les Bulls de Bradford, après deux matches à couteaux tirés face à Leeds et aux Crusaders, espèrent se ressourcer sous le soleil du Roussillon demain à Aimé-Giral
face aux Dragons Catalans.
Après les deux matches en quatre jours qui se sont joués à rien (nul à Leeds et victoire contre les Crusaders), on va recharger les batteries sous le soleil du sud de la France". Cette phrase
signée Steve McNamara, l'entraîneur de Bradford, devrait à elle seule ser vir de base de motivation pour les Dragons. Demain sur les coups de 18h30, les Bulls sortiront du toril d'Aimé-Giral avec
la ferme intention de faire mordre la poussière aux matadors locaux. Eux qui viennent donc de partager les points à Leeds (20-20), avant de s'imposer sur le fil à domicile face aux Crusaders
(20-16). L'entraîneur anglais entend bien faire le plein de points à Perpignan : "Nous avons déjà pris cinq points sur les six derniers possibles. Si nous revenons de chez les Dragons avec deux
points de plus, nous aurons réalisé la bonne opération de cette période". Walker se souvient McNamara qui postule pour prendre les commandes de l'équipe d'Angleterre, poursuit :"Nous allons vivre
ensemble. A l'hôtel les joueurs peuvent se reposer, davantage que s'ils étaient chez eux. Nous allons nous souder pour bien finir cette série. Après deux matches difficiles, le fait de joueur
sous le soleil nous fera le plus grand bien". Encore faut-il que le soleil soit de la partie... Pour McNamara, l'important est visiblement la météo. Et pas un mot sur Chris Walker, l'arrière ou
ailier des Dragons. Pourtant, ce dernier sera extrêmement motivé à l'idée d'affronter les Bulls. Pour mémoire, Walker s'était engagé avec Bradford cet automne avant que les Anglais ne le
libèrent, quota d'étrangers oblige. Si Walker n'a pas été conservé, c'est aussi que Bradford a cassé sa tirelire durant l'intersaison. Matt Orford, élu meilleur joueur de la NRL en 2008, a posé
ses valises du côté du Grattan Stadium. Avec lui, deux autres champions de Manly, L'Estrange et Hall. De quoi densifier le groupe, sans oublier l'arrière de Cronulla, Brett Kearney. Après Menzies
l'an dernier, Bradford s'est donc attaché quatre anciens de la maison Manly. Des coéquipiers de Steven Bell avec qui ils ont remporté le titre en 2008. Et la sauce commence à prendre. La
mayonnaise prend Malgré trois défaites à l'extérieur, les Bulls montent en puissance. Après dix départs et un temps d'adaptation pour les recrues, McNamara assure qu'il a visé juste : "Le
talonneur, le demi de mêlée, et le troisième ligne, qui joue comme pivot, évoluaient ensemble la saison dernière. Il a donc fallu que les joueurs s'adaptent à eux. Ils ont bien entendu procédé à
des modifications mais, ils se trouvent facilement. On a d'ailleurs recruté en ce sens". Orford 32 ans, Menzies 36 ans, Lynch 30 ans sont les routiers d'un ensemble extrêmement compact devant. Et
avec L'Estrange autour du tenu, Bradford a de solides arguments pour mener la bataille du milieu. Celle que les Catalans ont perdu lundi soir face à Leeds. Pour ce déplacement catalan, le coach a
choisi d'emmener les vainqueurs des Crusaders. En Angleterre aussi, on ne change pas une équipe qui gagne
Bruno Onteniente "lindépendant"
Neuvième défaite en onze matches pour les Dragons hier face à Bradford (36-14). Entreprenants et un plus sérieux au plaquage, les Catalans n'y arrivent
toujours pas. Place à la Cup la semaine prochaine face à Salford pour enfin un nouveau départ.
Avec les retours conjugués de Casty, Baile, Sa et Walker, on pouvait espérer une corrida musclée face aux Bulls de Bradford. A l'issue d'une seconde mi-temps pleine de promesse et d'envie face à Leeds, les Dragons avaient mis l'eau à la bouche de leurs fans. Malheureuse ment, le soufflé ne gonfle pas et le plat est amer. Une nouvelle fois. Les Catalans ne sont pas ridicules, et ce depuis la réception de Hull KR, mais, ils trébuchent, encore et toujours. De plus en plus inquiétant. D'entrée, pourtant, on sent que le discours des coaches sur la technique de placage a porté. Les Dragons
s'appliquent. Mais ça ne les empêche pas d'oublier qu'à 3 mètres de la ligne un cinquième tenu peut être joué à la main. Le capitaine et pilier des Bulls, Lynch, en profite pour aller rebondir sur le poteau et déflorer le score. Pourtant sur le premier quart d'heure, les Dragons sont en place. Mais, quelques erreurs, comme un en avant de Vaccari à la réception d'une chandelle, les maintiennent sous pression. Les Taureaux ne rechignent pas, c'est un comble, à poser des banderilles. Le temps file et sur un coup de pied à la 24 e , un fourbe rebond prend l'arrière garde catalane à contre pied. Kearney s'affale entre les poteaux. Le spectre de la déculottée se profile.
Le faux espoir
Vaccari, servi par Baile, permet tout de même aux Dragons de scorer, mais les Bulls gardent la main sur le match. Pourtant, côté Dragons, ça avance. Martins sort la puissance du tracteur, Pelo se
multiplie, Johnson et Bentley, prennent la ligne. Mais, comme souvent cette saison, alors que les Catalans se montrent entreprenants, ils se font estafiler. C'est d'ailleurs sur la corne - les
Bulls ont le sens de l'à-propos - que Sheriffe marque en coin.
A la reprise, les Dragons tergiversent neuf minutes avant de prendre la mesure des Bulls. Puis, Martins montre qu'il peut être constant en puissance. Il perce sur 30 m trouve Carlaw en relais qui
alerte Bell. Ce dernier s'en va conclure ses 50 minutes appliquées, loin du déchet de la semaine précédente.
Doucement, les Dragons posent leur patte sur le match. Mais ils rament pour revoir le large. En face, Bradford fatigue. Et parle. Orford, pour l'avoir trop pendue va reposer sa langue dix
minutes. A 13 contre 12, on se dit que les Dragons pourraient enfin mettre le nez des Bulls dans la poussière. Les Dragons chargent, mais on ne prend pas des Taureaux à cet exercice. Menzies, sur
la ligne des 40 catalans intercepte une passe de Baile et s'en va, fougueux, brouter l'en but.
La Cup pour souffler
Baile pour son second match seulement, ne veut pas rester sur ce camouflé. De la testostérone, il en a aussi. Il bouscule la manade d'en face et réussi à libérer le cuir pour Mounis. A la 68 e , à 26-14, l'espoir renaît. Mais alors qu'on attend un quart d'heure de folie, Orford, élu homme du match, converti une nouvelle pénalité face aux poteaux pour placage haut. C'en est fini des chances catalanes. Le triplé de Sheriffe sonne le glas des, très volatiles, espoirs des Dragons. Le Taureau, hier soir, a su garder la vie sauve. Celle des Dragons s'éteint doucement au fil des rencontres. La Cup, la semaine prochaine, donnera-t-elle une nouvelle étincelle aux Dragons ? Leurs supporters, qui commencent à sortir les huées, l'espèrent.
Guash appelle les joueurs "à la rébellion"
Bernard Guasch, président des Dragons Catalans, a poussé une gueulante dont il a le secret samedi à l'issue de la neuvième défaite cette année. S'il trouve certaines excuses à ses joueurs, il ne
veut pas avoir affaire à des rugbymen résignés. Il n'exclut pas des remaniements en fin de saison.
Bernard, en début de saison, l'objectif était d'accrocher une finale. Est-ce toujours d'actualité ?
Quand j'ai dit ça, je ne pensais pas que Thomas Bosc et Jean-Philippe Baile se blesseraient pour deux mois, que Greenshields se casserait le péroné, que Mogg partirait. Je ne pensais pas que l'on
prendrait tous ces matches de suspension, le dernier aujourd'hui pour Johnson. Tout ça fait partie de la vie d'un club. Tout comme les dix blessures. Alors aujourd'hui, non, ce n'est plus
d'actualité. En tout cas ce sera très difficile. Peut-être qu'on est capable de jouer un coup en Cup.
Samedi, vous vous êtes mis en colère...
(Il coupe) Samedi soir, je n'étais pas content et je l'ai fait savoir. Il y a un boulot de remotivation à mener. Demain matin - ce matin (ndlr) - je rencontre les joueurs avant l'entraînement. On
va s'expliquer entre hommes. Parce que face à un naufrage collectif, et j'estime que le naufrage est collectif, on ne peut envisager qu'une remise à flots collective. Et je vais demander aux
leaders, le capitaine, le vice-capitaine, les anciens, le leader de jeu, de jouer leur rôle.
Qu'allez vous leur dire ?
J'appelle les joueurs à la rébellion. Je veux une rébellion du groupe contre l'adversité., contre la mauvaise fortune qui nous colle. Et je veux une rébellion quels que soient ceux qui jouent.
Soit le groupe est capable de réagir, soit on prendra les décisions qui s'imposent.
C'est-à-dire ?
Si on fait une saison blanche, eh bien on reconstruira avec les jeunes. Pour l'instant, le seul truc positif, c'est le comportement de certains des jeunes et des sans grades : Vaccari, Gigot,
Martins, les frères Bentley. S'il faut donner un coup de balai, on donnera un coup de balai.
Gardez-vous votre confiance à l'entraîneur et à son staff ?
Avec une équipe où il manque dix joueurs, où il manque un Greenshields, où Mogg, quand il était là, ne tournait pas, même le meilleur entraîneur du monde ne peut pas y arriver. La situation
actuelle est très difficile pour un coach. Kevin Walters a toujours ma confiance même si le sort s'acharne sur lui.
Tout le staff technique est en fin de contrat. Quand allez-vous négocier ?
Nous le ferons avant la fin du mois de mai. Je connais l'honnêteté de Kevin Walters. S'il n'y arrive pas, il sera sincère envers nous et en tirera les conséquences.
Et chez les joueurs ?
Trois Australiens sont en fin de contrat. McGuire et Bell devraient arrêter, Carlaw veut prolonger d'un an.
Vous parliez de Mogg et Greenshields. Êtes-vous toujours en quête d'un Joker ?
Oui, on cherche encore. Dès qu'un joueur est libre, on se positionne. On a été sur Danny Brough puis sur Lee Smith.
N'y a-t-il pas eu une erreur de casting lors du recrutement ?
Oui, il y en a eu une quand on n'a pas recruté un grand 7. Financièrement, c'est vrai, c'était une grosse dépense et les coaches nous ont avancé la piste Mogg-Bosc à la charnière. Ils n'ont pas
pu faire un match ensemble ! Une équipe de Super League sans charnière efficace ne peut être une grande équipe. Et si on faisait revenir Stacey Jones... (sourire).
En dehors du terrain, il y a également des soucis. Il y a eu l'affaire de Leeds. Maintenant, c'est Walker qui pose
problème...
Pour ce qui est de Leeds, c'est sûr, cette affaire n'a pas arrangé le moral des troupes. Trois joueurs sont disculpés, deux pas encore. Ça pollue l'atmosphère. Quant à Walker, il a fait des
bêtises et je dois le rencontrer pour en discuter avec lui. On va tranquillement analyser les choses et s'il y a des décisions à prendre, on les prendra. Son comportement en dehors du terrain
pose problème. Mais pour l'instant, je n'ai rien décidé.
Vous pensez une qualification pour les play-off toujours possible ?
Mathématiquement, elle l'est. En Super League, les choses changent vite et on a maintenant un calendrier favorable. En principe, il faut 13 ou 14 victoires pour se qualifier. On en a 2 et il
reste 16 matches...
Que dites-vous aux supporters qui commencent à huer ?
Je comprends qu'ils ne soient pas contents compte tenu du spectacle proposé. Mais il faut bien se l'avouer, chaque année ne sera pas extraordinaire. Tout le monde semble oublier que cette
compétition est cruelle. Peut-être a-t-on grandi trop vite. Mais que les supporters se rappellent des bons moments vécus depuis quatre ans. Et franchement, ce n'est pas le moment de lâcher
l'équipe.
Entretien réalisé par Guillaume Clavaud et Bruno Ontoniente "l'Indépendant"