L'avant match...
La semaine d'entraînement fortement perturbée par la neige a obligé l'encadrement à convoquer ses joueurs tous les jours. Ce matin à 10h à la plaine des jeux ou à Brutus si le terrain le permet,
les 19 choisis par Kevin Walters feront une ultime répétition. Hier, la pelouse de Brutus avait bien absorbé l'eau. Seule une zone de 20 mètres, le long de la tribune Bonzom était encore
inondée.
Les 19 seront donc de sortie ce matin avec Mogg en joker. En effet, hier après-midi l'Australien n'a ressenti aucun gène à son genou. Il effectuera la séance collective ce matin, le staff
se réservant l'option de le placer dans les 17 si son état le permet. Pelo blessé, Stacul a été appelé en renfort pour évoluer à l'aile droite. Pour le reste les vainqueurs de Salford sont reconduits avec cet axe Bentley-Johnson-Sa-McGuire. Mais cette fois face à une défense qui monte beaucoup plus vite, Walters tirera d'autres enseignements de la prestation de ses meneurs de jeu. Face à la paire offensive Chase-Sherwin, réputée très entreprenante autour du tenu, les Dracs devront soigner leur défense et aller dans le sens de leur 3 e ligne, Dallas Johnson. Martins et Gigot devraient encore patienter.
Bruno Onteniente
Le match...
On croyait le malade en convalescence mais, hier, les Catalans ont rechuté (20-16) face à Castleford et son ouvreur Rangi Chase. Pire, les Dragons perdent Clint Greenshields, victime d'une fracture du péroné, pour deux à trois mois.
Il y avait bien des enseignements à tirer de la réception des Tigres, hier. Comment allaient se comporter l'axe Bentley- McGuire-Sa, si intéressant à Salford (victoire 24-12) ? Quelle performance allait servir Stacul si bousculé à Wigan (58-0) ? En recevant Castleford, les Dragons avaient à franchir un palier et à répondre à ces questions. H ier, malheureusement, ils ont raté la marche qui leur aurait permis de remonter vers un air plus respirable au classement. On s'attendait à voir les Dragons jouer vite autour de Sa. Perdu, c'est son compère de la charnière McGuire qui a assuré
le rythme. Bancale, une charnière fait grincer la porte. Contre un mal classé comme eux, les Dragons avaient la vitesse, mais n'avaient pas Chase. Ils ont aussi subi. Trop subi. A l'aile, bombardé dans les airs, arrosé à ras de terre, Stacul n'a connu hier qu'une alerte en première période. La gauche de la défense a tenu bon, mais la droite, gardée par Bell, a flanché. Seule véritable satisfaction, Bentley a pris encore du volume et de la célérité. Il était d'ailleurs ovationné. Reste que le constat est cruel. Il y a encore du boulot. Le problème c'est qu'il réside là où les Dragons croyaient avoir trouvé la solution la semaine précédente.
Sa passe à côté
Contre le vent lors du premier acte, les Dragons devront attendre une petite dizaine de minutes pour pénétrer le territoire des Tigres. Dans l'occupation, Castleford domine sans trop inquiéter
cependant les Catalans, jusqu'à cette séquence longue de quatre minutes à l'approche de la mi-temps. A la 39 e , Castleford concrétise finalement grâce au petit nouveau Cooper qui marque au pied
des barres. Mais contre le vent, les Dragons avaient déjà scoré à deux reprises par Walker, l'inévitable, et Fakir, le chouchou, tous deux servis sur un plateau par Captain Elima.
10-6 à la mi-temps, et les Tigres s'en sortaient bien car par deux fois le petit bonhomme vert sifflait trop vite. Sa, puis Bentley pouvaient se sentir frustrés. D'autant qu'à la reprise et vent
dans le nez, Castleford campait encore près du nid du Dragon. Le très vif Chase asseyait les locaux (47 e ). Si en première période, sa vitesse déroutait même ses coéquipiers, en seconde, les
Tigres jouaient à l'unisson. Le même Chase – élu homme du match – après quelques pizzicato offrait le cuir à Jones (55e ). Gros coup de timbales sur Brutus.
Sa buvait la tasse et les Dragons n'évitaient la noyade que grâce à une fulgurance de Greenshields (60 e ) – sorti sur blessure – (lire ci-contre) avalant 40 m avant de servir McGuire qui
mangeait les 30 m qui restaient. Wainwright se chargeait d'appuyer sur la tête des Dragons qui surnageaient péniblement en volant la balle sur celle de Bell (63 e ). L'ouvreur perpignanais
finissait de sombrer quand, dans le money time, il jouait le cinquième tenu à 5 mètres de la ligne face à un mur de Tigres. Il rendait la balle.
Les "Rouges" n'avaient plus qu'à gérer jusqu'à la corne. Les Dragons campaient dans le camp de leurs visiteurs, mais bien trop tard pour leur chiper ce que les Tigres avaient déjà croqué : les
deux points de la victoire.
L'après match...
Qui à la place de "Greeny" ?
Adam Mogg quitte les Dragons. C'est désormais officiel. Il l'a annoncé à ses coéquipiers dimanche. Moins performant, blessé au genou, il ne voulait pas faire la fin de saison de trop.
Adam Mogg doit rencontrer ce matin son président. Mais, c'est certain, et confirmer par Bernard Guasch lui-même, Adam Mogg ne jouera plus pour les Dragons.
Le joueur est blessé au genou, c'est en tout cas la version officielle exprimée par tout le club, mais il est surtout blessé au moral. Ses performances en dent de scie depuis le début de saison -
ses détracteurs évoquent, eux, les deux dernières - pèsent sur son envie de jouer. Peut-être plus totalement au niveau pour la charnière, il ne semblait pas disposer à reculer d'un cran.
Mogg sous infiltration était prêt
à jouer samedi dernier face à Castleford. Le staff médical en a décidé autrement, ne souhaitant pas aggraver le problème d'arthrose au genou. Mogg est usé. Son corps porte les stigmates des
joutes passées. Lui, le fervent défenseur.
Mais les Dragons ont besoin d'un gars à 100 % aux commandes de l'équipe. Une charnière bancale, voire recomposée et c'est tout le collectif qui en pâtit. L'Australien l'a bien compris. Il ne
souhaite pas faire l'année de trop, voire la fin de saison de trop. Dimanche midi "Moggy" a pris la parole devant ses entraîneurs et ses coéquipiers : "Si vous devez garder un souvenir de
moi, retenez tout le travail que j'ai effectué aux entraînements".
"Il s'est toujours filé"
Pour le pilier de l'équipe Jérôme Guisset qui a connu Mogg depuis son arrivée en Roussillon l'annonce de son départ a été une réelle surprise : "Pour nous les joueurs quand Adam nous a annoncé
son départ dimanche midi ça a fait l'effet d'une bombe. Personne ne s'y attendait. Je suis déçu qu'il s'en aille comme ça, mais le choix appartient à chacun". Mais le "papa" des Catalans n'oublie
pas de saluer les qualités du joueur : "Mogg s'est toujours filé. C'est un compétiteur et surtout pas un tricheur. Pendant les tests physiques il a toujours été devant tous les autres. Il ne
s'est jamais caché sur un terrain. A son arrivée il était indétronable au centre. Ensuite peut-être que son passage à l'ouverture et le changement d'entraîneur ont provoqué un déclic. Quand tu
perds un joueur clé de sa classe c'est toujours dur à digérer". Mogg partant c'est un homme fort du vestiaire qui quitte le groupe. Son air distant, parfois méprisant a fait de lui un garçon
à part, en marge presque.
Laurent Frayssinous qui a embrassé sa carrière d'assistant quand Mogg a posé ses valises au pied du Castillet espère que les jeunes tireront de précieux enseignements du passage de l'Australien :
"Sa plus grosse qualité aura été d'être un très grand compétiteur à l'entraînement et pendant les matches. J'espère que les jeunes qu'il a côtoyés se serviront de ces qualités-là. Maintenant on
ne peut pas lui reprocher d'avoir levé le pied quand son corps a commencé à moins répondre".
Mogg en partance, il va falloir très vite dégoter un stratège, le poison pilote qui fait défaut au club.
Bruno Onteniente l'Indépendant.