Dragons Catalans  16 - 22 Saint-Helens

Samedi 5 Mars 2011 - Stade Gilbert Brutus.

7095 Spectateurs

L'avant match...


St Helens vivier de talents

Les Saints qui viennent de plier 25 à 18 à "domicile" (ils jouent à Widnes, le temps du réaménagement de leur stade, ndlr) face à Warrington, viennent à Perpignan pour relance la machine. Et pour ce faire, ils peuvent compter sur un sacré tigre dans leur moteur. A commencer par le talonneur international James Roby (25 ans) qui explose tous les compteurs depuis la reprise. Meilleur franchiseur (633 mètres), cinquième plaqueur du championnat (115) et troisième meilleur libérateur au contact, l'ancien remplaçant de luxe de Keiron Cunningham (devenu préparateur physique de l'équipe) est le conducteur de travaux de la machine des Saints.

 

Un édifice fournisseur de jeunes talents.

Fort d'un centre de formation efficace, dans lequel Mick Potter n'a pas hésité à piocher l'an passé avec les Jamie Foster, Andrew Dixon et Jonny Lomax, trois techniciens de 20 ans. Cette saison apparaissent encore des Lee Gaskell, Thomas Makinson et Shaun Magennis. Oui, Saint-Helens est un formidable vivier. Sans parler de Kyle Eastmond qui passera à XV l'an prochain après s'être récemment engagé en faveur du club de Bath. 

 

Le XIII d'Angleterre

Mais pour ce déplacement chez les Dragons, le vétéran Royce Simmons (50 ans) qui a remplacé Mick Potter à la tête des Saints, pourra compter sur la rentrée de Leon Pryce. Le talent à l'état pur, la classe même. Un joueur pétri de qualité technique et capable à lui seul de faire basculer un match. Ce genre de joueur qui sait se faire oublier pour mieux croquer dans la défense ensuite. 

Alors, avec l'axe Roby-Pryce-Eastmond-Wellens, c'est juste l'équipe d'Angleterre qui débarque à Gilbert Brutus. Sans parler de James Graham, certainement le meilleur pilier de la Super League, absent seulement à une reprise lors des deux dernières saisons.

 

On comprend aisément pourquoi chaque venue de Saint-Helens à Perpignan est un événement. Mais cette équipe-là n'est pas en représentation, ni en visite. Keiron Purtill, l'assistant de Royce Simmons et actuel coach de l'équipe nationale du Canada, a d'ailleurs annoncé la couleur sur le site Internet du club : « Ça va être très physique. Les Catalans viennent de faire un gros match après un début difficile. Ils ont changé de nombreux joueurs, ils ont un nouvel entraîneur et la mise en place prendra du temps. Il faudra être au top défensivement et surtout au niveau du mental pour tenir le coup et effacer la défaite face à Warrington. La rentrée de Leon Pryce va nous faire du bien dans l'organisation ».

 

Faux départs

Royce Simmons, l'ancien assistant de Tim Sheens chez les West Tigers en NRL devra cependant faire sans sa recrue Josh Perry et Gary Wheeler. Un groupe presque au complet qu'il souhaite conquérant : « Vendredi dernier, on était mené 24 à 0 en début de seconde période, chez nous face à Warrington. Puis on revient pour finir à sept petits points. Face à Wigan à Cardiff, aussi, on manque notre entame puisque nous sommes menés 16 à 0 avant de finir à égalité. Alors, face aux Catalans, il faudra entrer dans la partie immédiatement et ne pas laisser l'adversaire prendre confiance. Pour avoir pris les deux points à Hull, l'équipe doit être solide et forte dans sa tête aussi ».

 

Pas de doute, les Catalans , qui lors des trois premiers matches de la saison ont à chaque fois été menés au score dès l'entame (11-0, 14-0 puis 12-0), devront tout faire pour renverser la vapeur. Car le moteur des Saints est rôdé, huilé et ne commet que très rarement deux ratés de file. Aux Dragons de trouver la bonne clé pour dérégler l'axe adverse. Le prix à payer pour laisser Pryce et ses coéquipiers sur le bas-côté.

 

L'Indépendant

 


Les Dragons visent un premier succès à Brutus cette saison, 15 jours après la débacle face aux Wild Cats. Saint-Helens, monstre sacré de la Super League, déboule à Perpignan armé jusqu'aux dents.

Si le navire de Saint-Helens est drivé pour la 5e fois de file par un Australien (Royce Simmons), sur le pré en revanche, seuls Flannery (australien), Meli et Puletua (samoans) n'ont pas de passeport à l'effigie de Sa Majesté. Les quatorze autres joueurs sont de véritables Lions. Prêts à mordre la franchise française à pleines dents. Et comme la bande à James Graham vient de prendre un sérieux coup de bâton face à Warrington (18-25), l'animal est blessé, et se présente dans l'arène catalane avec la rage au ventre. Alors, Royce Simmons fera-t-il aussi bien que Mick Potter qui a raflé la mise lors de ses deux derniers passages à Brutus ?

Saura-t-il mesurer l'implication des Dragons dans leur antre ? En espérant qu'elle soit plus virulente que celle proposée aux fans il y a deux semaines face à Wakefield. Les supporters ont d'ailleurs rapidement baissé pavillon, plongeant cette rencontre dans un silence gênant. Un mutisme qui a fait l'affaire des Wildcats.

 

St Helens prend le large

Conscients de l'immense déception occasionnée, les joueurs demandent le pardon. Non pas au Saint-Père, mais à leur public. A l'image de Jason Baitieri, omniprésent autour du tenu pour sa grande première dimanche dernier à Hull : "Face à Wakefield j'ai vu des gens déçus, mais il faut garder le moral. On a besoin du public contre Saint-Helens. C'est une très grosse équipe mais on est bien et on sait faire. J'espère que l'on sera porté par nos fans". L'appel du troisième ligne international sera-t-il entendu ? Certainement. Car au Craven Park, même le public des Robins, pourtant fort en gueule, n'a rien pu faire face à Henderson et ses coéquipiers, définitivement en ordre de marche.

Mais il ne sera pas seulement question de bataille dans ce match. Saint-Helens joue avec d'autres armes. Devant, les Graham, Flannery et Wilkin aiment jouer les pivots avant de servir Roby. Ou plutôt Saint-Roby, le poison pilote anglais, danger numéro 1.

Derrière aussi, les Pryce, Eastmond, Méli, Wellens et Shenton sont de fabuleux joueurs de ballons. Royce Simmons a d'ailleurs du mal à cacher son enthousiasme à l'idée de retrouver son meneur de jeu :" Sur le terrain, Pryce change beaucoup de choses. Il y a une équipe avec et une sans lui. Il insuffle de la confiance dans le groupe, et ça se voit déjà". Les anciens de la tribune Bonzoms, adeptes du « balle à l'aile, la fête est plus belle », devraient y trouver leur compte. Mais pas question de mélanger vitesse et précipitation : « On demande aux garçons de jouer beaucoup mais pas dans n'importe quelle condition », tempère Laurent Frayssinous. Une phrase qui résume à elle seule le début de saison « sang et or ». La semaine passée, après quelques pizzas jetées ci et là, l'équipe est d'elle-même revenue à davantage d'application. Entre le jeu stérile façon Hull FC et l'opération porte ouverte face aux Wildcats, il faut régler la mire maintenant que les doutes sont effacés : "On a bien travaillé cette semaine, c'est plus facile après un succès. Mais on sait ce qui nous attend, Saint-Helens c'est quasiment ce qui se fait de mieux. A nous de bien prendre le match". Saint-Georges a terrassé le Dragon. Sa croix accompagne les Saints à chaque représentation. Mounis, lui, compte sur Sant-Jordi pour mettre un terme aux victoires anglaises au pied du Canigou.

 

Bruno Onteniente - L'Indépendant

 


Le match...


Scott Dureau © Hall66
Scott Dureau © Hall66

Les cloches de l'enfer ont eu beau retentir dans Gilbert-Brutus, les Saints se sont ouvert les portes du paradis après un début de saison au purgatoire (1 victoire, 1 nul, 1 défaite). Promis à un aller simple direction six pieds sous terre, James Graham et les siens ont une nouvelle fois coupé la tête du Dragon. Lequel a multiplié les jets de flammes incendiaires. En vain. Pêchant inlassablement dans la finition et la concrétisation des temps forts. Et quand on vous dit que Trent Robinson et les siens ont tout essayé...

En défense d'abord. Sous la houlette d'un Menzies qui avait pris pour cible le grand blond, les Dragons déréglaient une mécanique parfaitement huilée. En attaque ensuite. Dans le sillage d'une première ligne toujours aussi précieuse. Mais un manque d'inspiration criant contraignait Dureau à multiplier des coups de pied un brin trop lisibles.

 

L'instinct du tueur 

Car au pays des Saints, certains ne croient que ce qu'ils voient. Et quand Millard et Stacul manquaient de précision dans leurs transmissions, les Anglais faisaient preuve d'un réalisme « so british ». Même sans Leon Pryce, sorti après six petits tours de chrono. Qu'importe, le futur quinziste Kyle Eastmond délivrait une passe magique à l'adresse de Shenton, synonyme de deux contre un. Au relais, Gardner retrouvait Flannery intérieur pour un essai juste imparable (17e). Gardner récidivait sur son aile (22e), et là personne n'arrêtait le TGV « rouge et blanc » lancé à toute allure. Comme d'habitude, les Dragons passaient à côté de leur entame. Et allaient le payer au prix fort.

Même si Sa maîtrisait enfin un coup de pied volleyé par Millard (25e), les Dracs manquaient de réussite et d'automatismes. Baitieri se voyait refuser un essai après consultation de la vidéo (29e). Wellens devait s'employer pour sauver la patrie et c'est finalement Graham qui plantait le nez dans le gazon après un subtil échange autour du tenu (37e).

 

4-16 à la pause : dur à encaisser.

Et la ligne défensive catalane qui s'effritait encore un peu plus au retour des vestiaires. Eastmond enquillait une pénalité (43e), et Gaskell se faisait la malle sur plus de 60 mètres, après une interception, rattrapé in extremis par Gigot. Mais le jeu rebondissait grand côté et Shenton prenait le périph'(47e). A 4-22, le spectre de Wakefield planait à nouveau sur Brutus.

"J'attendais de voir comment on allait réagir sous cette pression », confiait après coup Trent Robinson. Les attitudes t'aident à construire une saison. On a montré une deuxième fois que, menés au score, on pouvait revenir, même face à Saint-Helens".

Les Dragons s'attachaient alors à éviter le naufrage, face à des Saints passés en mode rouleau compresseur qui loupaient le break sur une croisée de Puletua pour Dixon et un essai curieusement refusé (60e). Stacul, en bout de ligne, était à deux doigts de marquer. Mais le "par-dessus" de Dureau (61e) trouvait finalement preneur en la personne de Steve Menzies.

Puis, le demi de mêlée trouvait une brèche en plein trafic (77e). Inscrivant l'essai et la transformation de l'espoir au cœur d'un money-time déjà bien entamé (16-22). Trop cependant pour espérer remporter la partie. "Je me serais satisfait du nul", affirmait le technicien australien. Un poil plus exigeant que le public catalan, qui accompagnait la sortie de ses joueurs sous de chaleureux applaudissements. Des gladiateurs à qui il ne manque plus désormais que l'instinct du chasseur (d'essais).

 

Matthieu Terrats - L'Indépendant

 

L'après match...


Les Dragons viendront-ils à bout de la malédiction de Brutus ? Celle-là même qui les contraint à baisser pavillon à domicile depuis le 24 juillet dernier (victoire 29-28 face à Warrington, suivie de quatre défaites de rang). Certainement, vu une dernière prestation porteuse d'espoirs face à Saint-Helens (défaite 16-22). A condition de trouver rapidement des solutions à certains problèmes récurrents.

A commencer par cette fâcheuse tendance à passer à côté des entames. Le constat est accablant : quatrième match et quatrième entrée en matière ratée pour les Catalans.

 

Eux qui, depuis le début de la saison, ont encaissé 7 essais (sur 16 au total) lors des 20 premières minutes de jeu. Soit quasiment 1 sur 2 ! Pour une seule réalisation en tout et pour tout (à Hull KR, œuvre de Mounis, 17e). « On est parvenu à leur mettre pas mal de pression à plusieurs reprises pendant des périodes de cinq, six minutes. Mais après, ils reviennent simplement parce qu'ils sont forts. On s'est créé de nombreuses opportunités mais on n'arrive pas à conclure. Saint-Helens a aussi défendu mieux que nous », constatait Trent Robinson après la rencontre.

 

« Talent » d'Achille 

En effet, le pied de Dureau s'est avéré la seule arme véritable dans la zone de vérité. Amenant deux essais plein d'opportunisme signés Sa et Menzies. Une palette cependant trop limitée vue l'assurance de Paul Wellens sous les chandelles. « Le minimum, c'est l'attitude. Après, il y a le talent. Il nous en manque encore un peu pour finir nos actions », concédait un technicien australien orphelin d'éléments-clé (Clint Greenshields et Thomas Bosc). Et d'un détonateur inspiré, plein d'initiatives, pour épauler un Scott Dureau bien trop seul « au milieu ». Comme en attestent ses trois dernières minutes de jeu au terme desquelles le demi de mêlée, en manque de solutions, décochait un énième coup de pied au petit bonheur la chance. Insuffisant pour arracher le match nul. Qui plus est face à Saint-Helens.

Un final palpitant, qui suscitait de nombreux regrets en même temps qu'il réconciliait les Dracs avec leur public. Avec des satisfactions à la pelle. Setaimata Sa est bel et bien un deuxième ligne. La dernière recrue, Daryl Millard, apporte un certain équilibre dans la ligne d'attaque. Des Dragons qui, cette fois-ci, ont d'ailleurs privilégié leur côté gauche autour du trident Millard-Sa-Stacul. Jason Baitieri, lui, est juste bluffant dans le rôle du troisième ligne démolisseur.

A confirmer dans la « Jungle » de Castleford, la semaine prochaine (samedi, 18h45), face à l'une des meilleures défenses du championnat. Un duel qui ne tolérera pas un autre départ façon diesel. Une fois de plus.

 

Matthieu Terrats