Celtics Crusaders  34  -  35  Dragons Catalans

L'avant Match...

 

Difficile pour les non initiés de comprendre pourquoi le club des Dragons Catalans, pourtant dans une position plus qu'inconfortable en Super League, n'est pas en crise. Plusieurs facteurs cependant l'expliquent. Ceux qui sont au coeur du système témoignent.

Au fond du seau, au fond du classement, mais pas au bord de la crise de nerf. C'est une singularité des Dragons. Malgré l'absence de résultats - c'est un euphémisme pour parler de onze défaites en treize matches -, malgré la cascade de blessés, malgré le départ de Mogg, malgré un fond de jeu plus que terne, malgré une charnière toujours bancale, malgré tout ça, les Dragons ne sont pas en crise. Les proches du club ou les spécialistes attentifs de la Super League savent pourquoi. Pour les autres, essayons d'y voir plus clair.

LA FRANCHISE APAISE.
Il n'est pas inutile de rappeler que la Super League se joue avec un système de franchise sur trois ans, c'est-à-dire sans montée ni descente de clubs. Les Dragons peuvent rester scotchés à deux victoires, ils ne risquent sportivement rien. Cette année en tout cas. Ce n'est pas une raison, évidemment, pour ne pas relever la tête. Disons que le système à l'inconvénient de son avantage. Sportivement, un club en difficulté n'a pas à se mettre la pression pour éviter la descente.


NE PAS EN RAJOUTER.
  Le président Guasch mène son club et ses hommes avec fougue parfois, mais toujours avec lucidité. Alors ne lui parlez pas de crise. "Avec l'expérience, notamment de chef d'entreprise, que j'ai, je sais que les crises il ne faut pas les provoquer. Cela multiplie les problèmes. Il faut faire le dos rond. La crise, sportive, il faut la traiter dans la durée en espérant apprendre et en tirer quelque chose."
ALLER JUSQU'AU BOUT. Que des empêcheurs de gérer en rond réclament la tête de l'entraîneur et voilà ce que leur répond le président : "Changer d'entraîneur maintenant ça servirait à quoi ? Le suivant ne ferait peut-être pas mieux alors on irait en chercher un troisième !"

LE GROUPE EST SAIN. Ce n'est pas un mince confort pour un club dans une situation sportive très délicate que de pouvoir compter sur un vestiaire non pollué. Ferriol, Bosc, pour les anciens, A. Bentley ou Gigot pour les plus jeunes, tous les joueurs à qui la question est posée l'affirment. "Le groupe est solidaire." En match, à l'entraînement, dans les vestiaires, les joueurs ne s'engueulent pas. "L'effectif est soudé. C'est mieux ainsi car parfois, dans le pire, on cherche un coupable au lieu de chercher des solutions" , formule le directeur sportif, Sébastien Munoz.

 

LES JOUEURS CONSCIENTS. Rien de pire dans le sport professionnel que des joueurs non concernés par leurs mauvais résultats. Le je-m'en-foutisme est un catalyseur de crise. Pas de ça chez les Dragons. "Les joueurs sentent bien que les supporters, les partenaires, les dirigeants sont déçus", révèle Munoz. Johnson, Elima, Guisset, par exemple, ont toujours le masque les soirs, nombreux, de défaite. Que dire alors des coaches Kevin Walters et Laurent Frayssinous. Du coup, l'entourage du club, même s'il n'excuse pas, compatit. Pour retrouver l'amour des proches du club, il leur faudra cependant bien plus que de la contrition.

Guillaume Clavaud

L'Indépendant

Le match...


Entre la Cup et les Dragons, l'histoire d'amour continue.

Les Catalans se sont qualifiés (35-34), hier chez les Crusaders. Le drop de Thomas Bosc en toute fin de match ouvre les portes du quart de finale.
Les Dragons Catalans ont réussi un tour de force hier. Outre la qualification pour les quarts de finales de Cup, ils ont sorti LE match. Celui qu'il fallait livrer pour se sortir des griffes de solides Gallois. Ce tour de Cup aura été branché sur courant alternatif. En effet, à la demi-heure de jeu, les "Dracs" menaient 30 à 6. Puis les diables rouges courageux, fougueux et emmenés par Sammut, sont revenus à égalité parfaite. Jusqu'à ce drop salvateur de Bosc sur la corne. Ouf. La route vers Wembley continue. Bosc s'est entêté : "Je venais d'en manquer un premier, mais là j'étais plus près. Guisset et Fakir ont fait des efforts pour avancer le plus possible, et c'est passé". Les Dragons sont soulagés. Et relancés. L'entame de match est catalane. La concentration et l'application aussi. Jusqu'à ces deux pénalités concédées à la suite. Au bout du compte, Sammut trouve Schifcofske pour l'ouverture du score.
Mais, pour une fois, les Dragons ne baissent pas la tête. A l'instar d'un McGuire génial. Son choix petit côté, après une percée signée Mounis, offre l'égalisation à Sa. Puis, il envoie Pelo mettre Bell sur orbite. L'Australien bouscule ses vis-à-vis et s'écroule dans l'en-but. Les avants sont aussi dans le coup. Ferriol et Guisset font le job. Fakir et Casty prennent le relais.

McGuire se blesse

Malheureusement, McGuire doit quitter les siens après le réveil de sa lésion au mollet. Sa sortie handicapera le collectif "sang et or" par la suite. Baile, puis Sa, prennent les rênes de la charnière avec un Bosc qui claque une chandelle que Sa illumine de sa classe pour un nouvel essai. Les Crusaders sont abattus et Carlaw en profite pour faire sauter le verrou défensif local (30-6). La cause est entendue ?

Sa est dans la place

Le Gallois n'abdique jamais. Et le fait savoir. Juste avant la pause, Mellars signe l'essai de l'espoir.
Et en seconde période, les Catalans "retombent dans leurs travers", selon Kevin Walters. Les locaux en profitent en concluant à quatre reprises. Seul Sa, après un cinquième tenu botté par Bosc, débloque le compteur "sang et or" en plantant son troisième essai. Sa est dans la place et il le fait savoir. Alliant puissance et instinct de chasseur d'essais, le Néo-Zélandais a été le grand bonhomme des siens. Mais, la fin de match est crispante. 34-34 à treize minutes de la fin. Pour Walters, la défense a remporté la qualification : "On a fait dix dernières minutes dans notre camp à défendre. C'est là que nous avons gagné le match". Les Catalans se sont filés. Ils ont aussi serré les dents pour que rien ne passe, chassant parfaitement pour gêner Sammut dans sa tentative de drop. Puis Bosc est arrivé. Ses coéquipiers ont fait don de leur corps pour gagner les lopins de terre nécessaires pour placer leur capitaine dans des conditions optimales.
On connaît la suite. Les joueurs exultent au coup de sifflet final. L'encadrement se congratule, et le président Guasch savoure. Des images qui ne sont pas monnaie courante cette saison. Mais des Dragons comme hier après-midi, on en redemande.

A Wrexham, Bruno Onteniente "lindépendant"



L'après Match...

© Mac EVANS
© Mac EVANS
Les Dragons n'ont pas dit adieu à leur rêve de Wembley.

En sortant les Crusaders 35 à 34, ils ont validé leur billet pour les quarts. Dans les rangs des dirigeants, qui ont repris espoir, on s'est remis sur la piste d'un éventuel joker.
Les sourires sont revenus sur tous les visages des Dragons Catalans et de leur encadrement. Pour cause. La qualification obtenue au forceps face aux Crusaders 35 à 34 relance la saison et laisse augurer d'un été chaud bouillant. On le sait. Les Dragons quatorzièmes de la Super League vont désormais lutter pour rattraper les Quins et Salford. Les deux prochains rendez-vous de Brutus, Hull FC (samedi à 18 h 30) et Salford peuvent permettre au groupe de grappiller deux places au général. Et la qualification pour les quarts de finale de la Cup ne change rien. Kevin Walters veut construire sur des victoires : "On doit arriver en quart de finale avec trois victoires consécutives". Mais la donne a changé qu'on le veuille ou non. Il faut dire que dimanche, après le match, les joueurs ont assisté en direct au tirage au sort des quarts de finale. L'adversaire désigné, Batley évolue en Championship. Tout comme Halifax. Ces derniers ont utilisé un joueur qui avait déjà évolué en Cup avec Rochadale face à Lézignan. La RFL va statuer, et risque de disqualifier le club de Saïd Tamghart, "les blues Sox" d'Halifax qui ont battu Batley lors du cinquième tour.
Batley, actuel huitième de Championship compte deux victoires pour six revers. Une formation largement à la portée de Dragons qui se projettent forcément déjà en demi-finale (Greenhsields sera depuis revenu dans le groupe). Et là, ça change tout.
En effet, les demies finales de la Cup sont déjà une belle opération financière pour le club, sachant que la RFL via la BBC paie les déplacements des Dragons. Le séjour ch ez les Crusaders a déjà été payé par les dirigeants anglais. Les droits télés sont aussi une manne financière conséquente.

Un joker pour la Cup

Depuis hier soir dans les salons de l'hôtel de Chester, les pistes d'un joker ont été réactivées de plus belle. David Riolo, l'agent de McGuire et de Greenshields était à l'hôtel depuis la veille pour préparer avec le président Bernard Guasch la prochaine saison. Mais l'opportunité de faire une demie de Cup modifie le discours. Les Dragons ont jusqu'au 23 mai pour faire signer l'oiseau rare. Après ils ne pourront plus l'utiliser en Cup. Le président Bernard Guasch n'a de cesse de recevoir des demandes : "C'est difficile de trouver un demi de mêlée. Il y a des demandes qui arrivent mais c'est souvent pour deux ou trois ans. Nous voulons un joueur qui ait envie de remporter la Cup". David Riolo qui a les meilleurs joueurs du monde dans son book va certainement proposer le "challenge Dragon" à des joueurs des Storm de Melbourne. Et pour cause. Sans enjeu sportif, les anciens coéquipiers de Dallas Johnson cherchent une motivation et la franchise australienne doit aussi dégraisser au niveau des salaires pour payer les amendes réclamées par la NRL. Un gros coup est donc possible à condition que le joueur et l'agent ne soient pas trop gourmands. En attendant, les Catalans vont devoir se replonger dans la Super League. Casey McGuire passera des examens médicaux, pour son inflammation au mollet. L'Australien devrait patienter jusqu'au quart de finale.
Les entraîneurs vont aussi se réunir pour décider que faire des stagiaires qui ont fini la saison dimanche à Pia et préparer les échéances prochaines pour un groupe qui a retrouvé de l'élan, une sérénité aussi et qui attend de gonfler un peu plus un capital confiance revigoré.

Bruno Onteniente "l'Indépendant"